Sensibiliser tout public à l'importance du plancton pour la préservation de notre planète
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Plancton sous voiles :À bord de la Granvillaise, une expérience unique
La barre de la Granvillaise et mon filet à plancton
🧭 1. Rencontre avec l'Association des Vieux Gréements Granvillais (AVGG)
Un premier pas vers la tradition maritime granvillaise : accueil, ambiance, et coup de cœur pour la Granvillaise.
Attiré par ce magnifique voilier depuis plusieurs années, je suis allé voir la boutique la Granvillaise(Association des Vieux Gréements Granvillais) pour échanger et dicuter d'une possibilité de m'héberger sous leur chapiteau avec l'idée de prélever du plancton en mer, puis de montrer du plancton au public, adultes, jeunes, enfants, à l'aide d'un microscope à l'occasion du prochain Festival des Voiles du travail du 20 au 24 août 2025...
Emerveiller pour instruire, instruire pour sensibiliser, sensibiliser pour préserver...😉
J'ai trouvé un accueil très chaleureux avec le président de l'Association Milou, et Annie la secrétaire.
On me demandait mes besoins sous la tente. Une table, et éventuellement une prise électrique pour un microscope et un ordinateur.
Tout de suite j'ai demandé et obtenu ma carte d'adhérent, numéro 208, et je me suis inscrit pour une balade à bord de la Granvillaise, le lendemain, autour du Roc. Quelle belle expérience en perspective !!!
Ma carte d'adhérent et la Granvillaise, une magnifique Bisquine
L'AVGG, une association sympathique et dynamique
⛵ 2. La sortie en mer à bord de la Granvillaise
Trois heures de navigation autour du Roc, manœuvres à la voile et prélèvements planctoniques à la traîne du filet.
Le lendemain, jeudi 17/07, je me présente à l'embarquadère à 10h00, excité à l'idée de vivre des moments intenses à bord de la Granvillaise G90, superbe bisquine réplique du voilier de pêche la Rose Marie,1897. La marque G90 (bien visible sur la proue, à babord), est en lien avec la date de mise à l'eau de la Granvillaise, 1990.
Prêt à embarquer à bord de la Granvillaise...
L'équipage finit de préparer la Bisquine
Pour cette balade autour du Roc, nous sommes une douzaine de passagers, touristes, Granvillais adhérents (?) ou amoureux de la Bisquine. Les membres de l'équipage, le capitaine Alexandre, Victor, le second, et des bénévoles de l'Association, Philippe et Marie-Véronique, nous invitent à embarquer.
L'accueil est chaleureux et je montre à Alexandre,en montant à bord, mon filet à plancton en lui expliquant ma démarche de Planktonaute (membre de PlanKton Planet depuis le Festival du Plancton à Saint-Gilles-Croix-de-Vie). Le capitaine me semble très surpris, connaissant le terme "astronaute", mais pas celui associé au Plancton. Il me pose alors la question du moment, quand et où j'allais procéder, et la vitesse à laquelle il fallait prévoir naviguer ou bien s'arrêter ??? Et combien de temps cela allait prendre ??? (heure de retour à respecter impérativement à cause de la fermeture des portes du port). Je l'ai senti un peu inquiet... Pas de problème on trouverait bien un moment dans les 3 heures de balade, sans gêner qui que ce soit.
Le temps est au beau, ciel bleu, mais Alexandre s'inquiéte justement de l'absence de vent, c'est toujours mieux pour avancer avec les voiles...
L'équipage nous invite à déposer nos sacs dans la cabine à couchettes.
La cabine à couchettes
Alexandre profite de ce moment d'attente de l'ouverture des portes du port pour présenter son équipe et donner des informations sur le bateau et les consignes de sécurité.
Alexandre, le capitaine et Victor son second
Je suis impressionné par le nombre de cordages et de poutres (désolé, je n'ai pas tous les termes propres au langage de la marine qui est très riche, il va falloir apprendre...).
La Granvillaise prête pour le départ
C'est parti ! On sent un enthousiasme partagé par les plaisanciers
La Granvillaise vient de sortir du port - Vue sur la poupe du voilier
Marie-Véronique, bénévole de l'AVGG, récupère des cordages (drisses, écoutes) sur la proue du bâteau côté babord pour préparer les premières manœuvres
Je vous avoue que je suis en train de découvrir le vocabulaire marin en lisant le livre de Marie Tabarly "Cavalcade océane". J'ai adoré son livre où j'ai découvert seulement à la fin la bonne idée d'un glossaire pour les néophytes comme moi. Alors, merci Marie, une grande aventurière qui avait un nom, et qui s'est fait un prénom depuis sa victoire à l'Océan Globe Race 2023 partagée avec équipages. Et elle porte le même prénom que ma fille, qui n'est pas navigatrice, mais qui aime aussi voyager, comme son papa, et qui a du caractère...comme sa maman ! 😍😍.
En observant la surface de l'eau par-dessus bord, on aperçoit une multitude de méduses dérivant dans la même direction. Ce sont mes premières observations d'organismes planctoniques, du genre Aurélia. Pas besoin de les récolter pour les observer au microscope.Evidemment cela interpelle... Alexandre nous explique leur présence de plus en plus précoce avec le réchauffement climatique global. Il ajoute qu'elles dérivent avec les courants forts liés aux mouvements de marées exceptionnels dans la Baie du Mont-Saint-Michel : les courants de flot (montant de la mer vers vers la côte) et les courants de jusant (descendants de la côte vers la mer).
J'ajoute pour l'anecdote que les nageurs de la fameuse course annuelle du Tour du Roc à la nage ont affaire à de véritables nuées de méduses au sein de ces courants de marées, pouvant atteindre 2 à 3 noeuds. A l'arrivée, déjà épuisés par l'effort intense, beaucoup se plaignent de piqûres ou de démangeaisons, et à chacun ses remèdes...😣
Les méduses se laissent dériver par le courant
Entraînées par un courant de flot du Nord vers le Sud
Pendant ce temps, Alexandre, notre capitaine tient bon la barre... et n'a pas besoin de tenir le vent, absent de la balade...
Alexandre à la barre direction sud vers Saint-Pair-sur-Mer
Les premières manœuvres vont commencer. Le capitaine propose au groupe visiteur de participer ou non aux manoeuvres nécessaires pour hisser les voiles, et ce sera une part importante de l'occupation de la balade, avec l'opération inverse au retour.
Tirer sur les drisses pour hisser haut, matelots...
1ères manœuvres à la voile
Le système de navigation GPS du poste de commande confirme la faiblesse du vent (1,07 noeud).
Le poste de navigation
Le hissage des voiles va demander beaucoup de temps et de main d'œuvre, vu le nombre de voiles. Raison pour laquelle j'ai pris peu de photos pour avoir participé. Je n'étais pas là que pour regarder...
Le capitaine va prendre la décision d'utiliser le moteur pour compenser le manque de vent (la pétole) et ainsi permettre de virer de bord (faire demi-tour).
La boussole nous montre bien le changement de direction, vers le nord direction Donville-les-Bains - A l'arrière plan, les falaises du Roc et l'Eglise Notre-Dame du Cap Lihou
Le rôle de Victor, le second du voilier, est très important. C'est lui qui gère l'essentiel des manœuvres sous l'autorité et la responsabilité d'Alexandre. Il coordonne aussi les participations des volontaires, selon les besoins et dirige les bénévoles. Un travail physique de tous les instants qui demande énormément de concentration, attentif aux consignes de sécurité pour l'équipage et bien sûr pour nous les passagers à bord.
Victor à la manœuvre, jeune et déjà bien expérimenté
Des volontaires se relaient pour aider à affaler les voiles, procédure inverse du hissage
Cette manœuvre d'affalage sera plus rapide et moins physique que celle du hissage, on peut facielement comprendre pourquoi...
Petite pause pique-nique rapide, je n'ai pas prévu le mien, je vais profiter de ce moment pour mes prélèvements au filet.
Mon filet à plancton trainé côté tribord
J'avais prévu un filet à mailles 180 µm, tiré par un cordon, de quoi récupérer du zooplancton et un peu de phytoplancton. Ce que je n'avais pas prévu, c'est le lest accroché à mon collecteur, pas assez lourd pour immerger sa totalité dans l'eau. Habituellement, je récolte mes échantillons en bord de mer ou en piscine naturelle d'eau de mer, et je donne souvent un coup de pouce à la main pour forcer l'immersion de la bouteille. Ici, pas possible...
En m'y prenant à plusieurs reprises, je parviens tout de même à récolter suffisamment d'eau pour analyser ultérieurement.
Un Planktonaute sur la Granvillaise, une première pour les deux 😉
Quelques passagers me demandent ce que j'ai récolté, je leur montre une multitude de petits organismes plus ou moins transparents, de moins de 1mm, sautillant : ce sont des copépodes (voir plus loin dans cet article).
Je suis surpris par la quantité de copépodes en si peu de temps d'immersion et aussi par la clarté de l'eau.
C'est en effet ma première récolte en solo sur un bateau à voile en pleine mer. Ça se fête 🍾!!!
Il est temps de pratiquer les dernières manœuvres avant de rentrer dans le port.
Victor, fidèle au poste
«A la barre, cap au port, toute !»
Les derniers gestes d'affalage pratiqués par Marie-Véronique et Philippe, nos deux bénévoles
Affalage des voiles avant le retour
L'approche du port
Les portes sont ouvertes
Retour au quai d'attache
La dernière étape est assez impressionnante tant elle demande de la vigilance, de la concentration et de la confiance de la part du capitaine et son second. En effet, Victor doit faire à distance des gestes avec les doigts de la main pour qu'Alexandre puisse être guidé et se rendre compte à l'aveugle de la distance d'approche du quai. Il n'y a pas de caméra de guidage...
Il restera à Victor et Philippe à amarrer solidement la Granvillaise le long du quai. Les voiles sont rangées, les cordages lovés, chacun reprend doucement pied à terre. On sent que la manœuvre touche à sa fin. Sur le pont, les voix baissent, les gestes sont précis. Un peu d'embrun, une odeur de bois mouillé, quelques regards qui traînent encore vers le large. C'était une belle parenthèse.
Ce n’est qu’un au-revoir. Ma carte d’adhérent me permettra de revenir, de remettre la main sur un cordage, de virer de bord à nouveau, d'échanger avec les membres de la Bisquine et de replonger un filet à plancton (mieux lesté) dans son sillage. La Granvillaise, ce n’est pas qu’un bateau : c’est un peu d’histoire, un peu de mer, et un équipage qu’on a plaisir à retrouver.
🔬 3. Analyse des échantillons planctoniques
Retour à terre, microscope en main : un monde invisible se révèle, peuplé de copépodes.
De retour à la maison, je dépose les 2 prélèvements pour les analyser un peu plus tard...
Les petits points blancs visibles à l'œil nu, sont autant de copépodes
Des copépodes par centaines venant de la Granvillaise
Filtre à mailles 50µm et la pipette à l'intérieur pour extraction d'une goutte d'eau, le microscope à droite et son écran LCD
Le microscope révèle une abondance de copépodes, sans surprise, mais autre chose ⁉️...
Observation au MO x40 ⁉️
Observation au MO x100 ⁉️
Les copépodes sont très faciles à reconnaître, par contre, mes compétences limitées en taxonomie ne me permettent pas de donner un nom à l'organisme observé au milieu⁉️
De la vie planctonique copépodes et vers (MO x40)
Au-delà de l'abondance des copépodes (identification toujours difficile pour ce taxon), on peut signaler une relative absence de phytoplancton. Je rappelle que la maille de mon filet à plancton était de 180 µm, un peu large pour du phyto peut-etre passé au travers (???), cependant habituellement, en bord de mer je trouve davantage de diatomées, même avec une maille de 300... Faut-il trouver l'explication dans "la pyramide des biomasses inversée dans les océans" , tenant compte du facteur tempset dela vitesse de renouvellement des phytoplanctons producteurs primaires (photosynthétiques) ?
🐚Conclusion – Quand la tradition rencontre le plancton...
Ma sortie à bord de la Granvillaisea été bien plus qu’une balade en mer. Elle m’a permis de tisser des liens entre deux mondes qui, à première vue, semblent éloignés : celui des vieux gréements et celui du plancton microscopique. Et pourtant, tous deux racontent une histoire vivante de la mer, entre patrimoine et curiosité scientifique.
Je tiens à remercier chaleureusement l’Association des Vieux Gréements Granvillais (AVGG) pour leur accueil, et je me réjouis à l’idée de prolonger cette aventure avec eux, peut-être lors du prochain Festival des Voiles de Travail.
Si cet article vous a donné envie d’en savoir plus sur le plancton, les vieux gréements, ou tout simplement de mieux connaître ces passionnés qui font vivre notre littoral, je vous invite à suivre ce blog ou à aller à la rencontre de ces associations.
À très bientôt pour de nouvelles explorations planctoniques… ou maritimes !
N'hésitez pas à rédiger un commentaire d'encouragement, ou bien de signaler un oubli ou une erreur rencontrés dans cet article, merci d'avoir lu jusqu'ici...😊
On se lasse de tout, sauf d’apprendre...
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