La Pêcherie de Granville : Un patrimoine ancestral et un écosystème précieux à préserver
1. Histoire et fonctionnement de la pêcherie
Située à Granville, en contrebas du Plat Gousset, la pêcherie est une structure ancestrale en pierres sèches qui se découvre à marée basse. Ce type de piège à poissons, dont le savoir-faire remonte au XVe siècle, est constitué de deux longs bras de pierre qui convergent en un V, orienté vers le large. Ce piège utilise la marée descendante pour retenir les poissons qui ont nagé à l'intérieur de la structure. Au bout du V, un goulet permettait l'installation d'un filet conique appelé "menise", ce qui a donné son nom à la méthode de pêche traditionnelle. Cette technique, la pêche à la menise, est une pratique discrète et efficace où les poissons sont doucement prélevés par l'homme. Les espèces capturées dépendent des saisons et des marées, et incluent des mulets, des bars, des maquereaux, des soles, des sprats, des crustacés comme les crevettes et les araignées de mer.
La "goulotte" ou "entonnoir" de la pêcherie (actuellement)
2. Intérêts écologiques et biodiversité
Loin d'être un simple piège, la pêcherie de Granville fonctionne comme une "petite réserve naturelle intertidale". Ses murets de pierre offrent des micro-habitats et des abris essentiels pour de nombreuses espèces comme les jeunes poissons, les crustacés et les algues. Elle joue un rôle de nurserie pour les juvéniles de poissons et de crustacés en les protégeant des courants et des prédateurs. C'est aussi un refuge pour la faune marine, y compris les espèces fixées (moules, huîtres) et mobiles (crabes, crevettes, calmars...). De plus, les pierres de la structure servent de substrat riche pour la flore et le microplancton, attirant le plancton et les larves qui s'y fixent. Les zones intertidales de la pêcherie sont de véritables zones de nurserie où le phytoplancton et le zooplancton jouent un rôle crucial en tant que base de la chaîne alimentaire pour les espèces qui s'y réfugient. Enfin, les mollusques filtreurs fixés sur les pierres améliorent la qualité de l'eau locale.3. Fragilité et menaces
Bien qu'elles soient écologiquement importantes, les pêcheries sont des écosystèmes fragiles et menacés. L'entretien abandonné, les tempêtes, la pression touristique et les dépôts de sédiments peuvent dégrader ces structures. Beaucoup de pêcheries le long du littoral normand ont été abandonnées à cause de l'ensablement, de la destruction, de l'évolution des techniques de pêche et de la perte de savoir-faire.4. Sauvegarde et restauration
La préservation de la pêcherie du Plat Gousset permet de maintenir les conditions favorables à la vie du plancton côtier et de valoriser un patrimoine marin ancien. Des actions de restauration douce, comme la remise en place des pierres, la limitation de la végétation invasive, et le balisage pédagogique, pourraient protéger l'écosystème tout en sensibilisant le public. Des associations comme les Amis de la pêcherie de la Tranchée se mobilisent pour restaurer ces structures et transmettre ce patrimoine maritime en organisant des visites guidées et des démonstrations de pêche. La pêche à la menise incarne une relation durable avec l'environnement marin, en prenant le temps d'observer la mer et d'utiliser ses rythmes au lieu de les dominer.5. Observations de planctons au niveau de la pêcherie
Les prélèvements ont été effectués à marée basse avec le filet à 300 µm pour privilégier l'échantillonnage de zooplancton, organismes généralement plus gros que les organismes phytoplanctoniques.. Phytoplancton :
Le phytoplancton regroupe des micro-algues flottantes (diatomées, dinoflagellés…) qui utilisent la lumière du soleil pour la photosynthèse.
Ce sont les plantes des océans : elles produisent environ la moitié de l’oxygène de notre planète et constituent la base de la chaîne alimentaire marine.
Elles fixent aussi du carbone atmosphérique, jouant un rôle majeur dans la régulation du climat.
Le phytoplancton regroupe des micro-algues flottantes (diatomées, dinoflagellés…) qui utilisent la lumière du soleil pour la photosynthèse.
Ce sont les plantes des océans : elles produisent environ la moitié de l’oxygène de notre planète et constituent la base de la chaîne alimentaire marine.
Elles fixent aussi du carbone atmosphérique, jouant un rôle majeur dans la régulation du climat.
. Zooplancton :
Le zooplancton rassemble de minuscules animaux flottants : crustacés (copépodes, krill), larves de poissons et mollusques, méduses microscopiques, protozoaires…
Ils se nourrissent du phytoplancton ou d’autres petits organismes.
Ce sont les consommateurs primaires des océans, indispensables pour nourrir les poissons, les oiseaux marins et même les baleines.
🤔 Le saviez-vous ?
Poids estimé :
Leur biomasse totale est évaluée à plusieurs centaines de millions de tonnes. Certaines études avancent que les copépodes représentent le groupe animal le plus lourd de la planète, avec une biomasse supérieure à celle de tous les poissons réunis.
Océans :
Ils constituent jusqu’à 70 % du zooplancton en nombre d’individus.
On estime que la production annuelle de copépodes dans les océans est équivalente à celle de toutes les pêches humaines mondiales réunies.
En broutant le phytoplancton, ils recyclent une énorme quantité de carbone.
Leurs déjections (« pellets fécaux ») coulent vers le fond, jouant un rôle crucial dans la pompe biologique à carbone, contribuant à piéger le CO₂ dans les profondeurs océaniques.
Larve de calmar en bord de pêcherie de la Tranchée
(Smartphone en mode vidéo)
La même larve de calmar (MO x40)
🤔 Le saviez-vous ?
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Forme : les femelles pondent des manchons gélatineux allongés, fusiformes, ressemblant à des « doigts » translucides.
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Taille : chaque manchon mesure 10 à 30 cm de long pour 1 à 2 cm de diamètre.
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Aspect : texture gélatineuse, translucide à blanchâtre, contenant des centaines d’œufs disposés en chapelet à l’intérieur.
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Nombre : une femelle pond une vingtaine à plusieurs dizaines de manchons, souvent fixés ensemble.
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Disposition : les manchons sont attachés en touffes au substrat (fonds sableux, graviers, herbiers de zostères, coquilles mortes, cordages).
Crevette caméléon (Praunus flexuosus)
Les yeux composés sont bien développés, portés sur des pédoncules mobiles.
Conclusion
La pêcherie de Granville n’est pas seulement un vestige du patrimoine maritime : c’est aussi un refuge pour la vie marine. Ses pierres retiennent l’eau à marée basse et créent de petits bassins où se développent algues, larves, coquillages, poissons juvéniles… et surtout le plancton, qui nourrit toute cette biodiversité.
Préserver la pêcherie, c’est donc protéger à la fois un témoignage historique et un réservoir de vie, indispensable à l’équilibre de la Manche.
https://www.tourisme-granville-terre-mer.com/immerger/avec-les-gens-d-ici/travailleurs-mer/luc-chatelais/#:~:text=Les%20p%C3%AAcheries%20sur%20l'estran,propice%20au%20fonctionnement%20des%20p%C3%AAcheries.
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