Voyage scolaire en Espagne,

escale planctonique à Tabarca



Rentré depuis samedi dernier (11/10/2025), après un voyage culturel et linguistique intense de 5 jours en Espagne (Alicante et sa région) avec un groupe de 50 élèves de 3e du collège Notre-Dame de Lisieux (mon ancien collège), j'avais envie de rédiger un article sur une expérience qui me tenait à cœur : celle de la découverte d’une île au cœur d’une réserve naturelle marine : l’île de Tabarca.

J’avais soigneusement préparé cette visite en me documentant sur la richesse de l’île et de son environnement marin. J’avais même envisagé d’emporter un microscope, mais j’ai finalement renoncé, craignant qu’il ne soit difficile à transporter dans une valise en soute. En revanche, je tenais absolument à glisser dans mes bagages un filet à plancton

L’île de Tabarca : un laboratoire naturel au cœur de la Méditerranée
 
Située à une vingtaine de kilomètres au large d’Alicante, l’île de Tabarca est la seule île habitée de la Communauté valencienne. Longue de moins de deux kilomètres, elle constitue un microcosme méditerranéen idéal pour sensibiliser les élèves à la biodiversité et à la préservation de l’environnement marin.

Un patrimoine marin exceptionnel



Tabarca, patrimoine culturel et naturel

Réserve marine d'intérêt halieutique

Classée première Réserve marine d’Espagne dès 1986, Tabarca protège un milieu sous-marin d’une grande richesse écologique.

Ses fonds tapissés de posidonies — ces herbes marines essentielles à la production d’oxygène et à la nurserie de nombreuses espèces — abritent poissons, crustacés, mollusques, mais aussi une multitude d’organismes planctoniques, base de toute la chaîne alimentaire.
Les élèves peuvent y observer concrètement les interactions entre les différents niveaux trophiques, comprendre les enjeux de la pêche durable et la fragilité des écosystèmes côtiers.

Un refuge pour les oiseaux marins

Tabarca est également un site d’intérêt ornithologique majeur. Sa position au large attire de nombreuses espèces d’oiseaux marins et migrateurs : goélands leucophées, cormorans, sternes, puffins…
L’île constitue ainsi un terrain privilégié pour l’étude des migrations, de la reproduction et des comportements adaptatifs de ces espèces en milieu insulaire.

Une fenêtre sur le cosmos

Reconnu comme « Paraje Starlight », Tabarca offre un ciel nocturne d’une pureté rare, préservé de la pollution lumineuse. Cette qualité permet d’initier les élèves à l’astronomie et à l’observation des constellations, tout en évoquant la place de la Terre dans l’univers et les liens entre le ciel, le climat et la vie marine (cycles lunaires, marées, navigation ancienne…).

Un formidable outil d’éducation à l’environnement

Tabarca réunit sur un même territoire :

  • un patrimoine naturel protégé,

  • une biodiversité observable à différentes échelles (du plancton à l’oiseau),

  • et une dimension culturelle et historique qui relie l’homme à la mer.

C’est une île-laboratoire idéale pour mener des activités de terrain : prélèvements planctoniques, relevés ornithologiques, mesures de qualité de l’eau, observations astronomiques…
Chaque activité permet d’aborder les grands thèmes de l’éducation au développement durable : préservation des ressources, équilibre des écosystèmes, lien entre science et responsabilité citoyenne

Fort de cette richesse naturelle, je décidais avec l’accord des mes collègues accompagnateurs (Marie, Alejandra et Joël) et Sandrine (professeur d'Espagnol et organisatrice du séjour), de proposer une intervention de sensibilisation en bord de mer (semaine de la fête de la science en France).


Cinquante élèves assis sur la plage de galets, devant un tas épais de posidonies fraîchement déposées par les vagues à marée montante.

Je me suis d'abord présenté comme Planktonaute, membre de PlanKton Planet, membre aussi de la Granvillaise, et ambassadeur de Tara, . Je questionnais d’abord les élèves en leur demandant ceux qui étaient venus à Tatihou dans la Manche il y a 3 ans, alors qu’ils étaient en 6e, pour découvrir une autre île de même taille, à une latitude plus haute…Beaucoup avaient alors découvert l'estran ainsi que le laboratoire maritime avec ses aquariums. Il m’était alors plus facile de les interpeler sur différents sujets, notamment la biodiversité, les actions humaines, le réchauffement de la planète, et particulièrement l’importance du plancton dans les réseaux trophiques.


J’ai alors présenté la posidonie, une plante de grand intérêt écologique, à portée de main.


La posidonie, richesse de la Méditerranée


Les posidonies apportées par les vagues (les zones bleu foncé sont les posidonies fixées sur le fond marin et formant une véritable prairie)


Zoom sur les feuilles et boules* de posidonies


La posidonie, une plante à fleurs et non une algue
(Sourcehttps://www.destinationlaciotat.com/explorer/les-pieds-dans-leau/posidonie/)

Souvent confondue avec une algue, la posidonie (Posidonia oceanica) est en réalité une plante à fleurs, proche cousine des lis et des joncs terrestres. Elle possède des racines, des tiges et des feuilles, et même des fleurs et des fruits, surnommés « olives de mer ».

Adaptée depuis des millions d’années à la vie sous-marine, elle ne pousse que dans les eaux claires et bien oxygénées de la Méditerranée, entre la surface et 40 mètres de profondeur.

Les herbiers de posidonies forment de véritables prairies sous-marines comparables aux forêts terrestres.
Elles constituent un habitat essentiel pour une multitude d’espèces :

  • des poissons juvéniles (comme les sars, les girelles ou les saupes) y trouvent abri et nourriture,

  • des mollusques, crustacés et étoiles de mer s’y cachent,

  • et des milliers d’organismes planctoniques s’y déposent avant de grandir.


Exemple de réseau trophique méditerranéen à base de posidonie
(Source https://corse.n2000.fr/la-posidonie-richesse-de-la-mediterranee)

La posidonie joue un rôle écologique majeur :

  • elle produit de l’oxygène, contribuant à plus de la moitié de celui présent dans les eaux côtières,

  • elle stabilise les fonds marins grâce à ses racines,

  • elle amortit la houle et protège les plages de l’érosion,

  • et surtout, elle emprisonne durablement le carbone dans ses sédiments — un atout contre le changement climatique.

Boules* de posidonies : lorsqu’une partie des feuilles ou des racines de cette plante se détache (par exemple après une tempête ou avec le vieillissement naturel), les fibres se fragmentent et se déplacent avec les mouvements de la mer. Ces fibres et fragments s’agglomèrent, roulent sur le fond ou dans les vagues, et finissent par former des masses sphériques fibreuses compactes. Celles-ci finissent par être rejetées sur le rivage. Ce sont les boules de posidonie ou égagropiles.


Fragile, la posidonie régresse sous la pression humaine : ancrages répétés des bateaux, pollution, urbanisation littorale ou réchauffement des eaux.

Or, un herbier détruit peut mettre plus d’un siècle à se régénérer.

Les zones protégées comme la Réserve marine de Tabarca jouent donc un rôle essentiel dans sa préservation. Observer ses feuilles dansantes sous l’eau, c’est comprendre à quel point la mer est un écosystème vivant et interdépendant.

Après avoir expliqué le principe et le mode d’utilisation du filet à plancton à maille 180 µm, je proposais une démonstration de prélèvement de plancton. La difficulté était de ne pas tomber vu que les galets étaient très glissants (j'ai cru comprendre après l'animation que quelques élèves malicieux espéraient que cela arrive 😉…).

Puis, déversement dans une bouteille transparente pour observer quelques organismes visibles à l'œil nu, des copépodes sautillants pouvant atteindre une taille de 1 mm.



Prélèvement au filet à plancton puis déversement en bouteille pour observation à l'œil nu

Malheureusement, n’ayant pas apporté de microscope je ne pouvais leur en montrer davantage. Je proposais alors de donner l’adresse de ma chaine YouTube pour qu’ils puissent voir à quoi ressemblent des organismes phyto et zooplanctoniques.

Avant le retour, nous avons pu longer la côte au long d’un sentier de randonnée, et il m'a été possible de montrer quelques oiseaux marins (goéland argenté, grand cormoran) à l’aide de ma paire de jumelles.




Au retour, je pensais à l'idée de revenir plus tard en famille pour approfondir la découverte de l'île, de plonger avec un masque et un tuba et de mettre dans ma valise... un microscope portatif...


Je vous tiendrai au courant 😉...



En savoir plus sur l'ïle de Tabarca et la Posidonie :




On se lasse de tout, sauf d’apprendre...








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