Paul Meilhat et le Vendée Globe 2024, un engagement écocitoyen


J’ai eu l’idée de cet article en m’intéressant à la mythique course du Vendée Globe qui a lieu tous les 4 ans depuis le 26 novembre 1989. Cette course met en compétition des skippers souvent engagés pour une planète durable. Cette année 2024-2025, 25 marins embarquent du matériel scientifique fourni par l’UNESCO et ses partenaires scientifiques afin de faire progresser la recherche océanographique et les modèles de prévisions météorologiques. Il s'agit le plus souvent de stations météo, de bouées météo ou de balises ARGO. Ces skippers ont reçu une formation à l’usage de ces instruments les 22 et 23 octobre 2024, aux Sables d’Olonne.

Au jour où je mets en ligne cet article (08/01/2025), l'IMOCA de Paul Meilhat occupe la 8e place du classement de la course, bravo à lui et bon vent pour cette fin de course passionnante...

L'IMOCA de Paul Meilhat a la voile verte (flèche noire)

Voir l’article à ce sujet : Le Vendée Globe, l’UNESCO et la Classe IMOCA : quand sport et sciences s’allient pour la protection de l’océan.

Dans cette présentation, plusieurs photos sont issues du site officiel : https://www.vendeeglobe.org/

J’avoue ne pas avoir eu d’autorisation pour les droits des photos, mais je pense que Paul Meilhat dont je n’ai pas les coordonnées pour le contacter ne m’en voudra pas. Mes objectifs sont toujours les mêmes depuis la création de ma chaîne YouTube en  2014 : Eduquer, sensibiliser, intéresser, responsabiliser. Valeurs qui me semblent correspondre à l’esprit que veut partager Paul Meilhat en participant à cette course.

Le Vendée Globe, souvent surnommé l’« Everest des mers », est bien plus qu’une course au large. Pour Paul Meilhat, navigateur émérite et engagé, l’édition 2024 incarne un défi sportif et une mission écologique de premier ordre. À bord de son IMOCA, le skipper conjugue performances de haut niveau et sensibilisation environnementale, grâce à un partenariat novateur avec la Fondation Tara Océan, pionnière dans la recherche marine.

Une Alliance pour la Connaissance du Plancton Marin

En 2024, Paul Meilhat se lance dans le Vendée Globe avec une ambition double : dompter les océans et contribuer à leur préservation. Dans le cadre de son engagement, il collabore avec la Fondation Tara Océan (voir l'article sur ce blog) connue pour son rôle clé dans la recherche sur les écosystèmes marins. Cet acteur scientifique, mondialement reconnu, fournit à Paul un outil révolutionnaire : un Planktoscope, capable d’étudier et de cartographier la biodiversité microscopique des océans.

Le plancton, souvent qualifié de « poumon invisible de la planète », joue un rôle crucial dans la régulation climatique et la chaîne alimentaire marine. Pourtant, cet univers reste encore largement méconnu. En embarquant un planktoscope, Paul Meilhat se fait à la fois navigateur et éclaireur scientifique, collectant des données uniques au cours de son périple autour du globe.

La Science au Cœur d’une Course Légendaire

Le Vendée Globe est l’une des courses les plus exigeantes au monde : un tour du monde en solitaire, sans escale ni assistance. Dans ces conditions extrêmes, intégrer un projet scientifique à une telle aventure relève de l’exploit. Mais pour Paul Meilhat, ce défi est naturel : « Courir le Vendée Globe, c’est repousser les limites humaines tout en protégeant ce qui rend cela possible : l’océan. Je ne pouvais imaginer faire cette course sans y associer une démarche qui serve la science et l’environnement. »

Le planktoscope apporté par la Fondation Tara permet de prélever et d’analyser le plancton directement à bord, en mesurant sa diversité et son abondance. Ces données sont cruciales pour les chercheurs qui tentent de comprendre l’impact du changement climatique sur les écosystèmes marins. En collectant ces informations, Paul contribue directement à des études globales, notamment sur l’acidification des océans et la pollution plastique.

Principe du Planktoscope embarqué

Le Planktoscope, en réalité un IFCB (Imaging FlowCytobot), est un instrument scientifique embarqué à bord de l'IMOCA de Paul Meilhat pour le Vendée Globe 2024, visant à collecter des données sur le plancton marin. 

Vue extérieure de l'IFCB

Vue intérieure de l'IFCB


L'IFCB embarqué à bord de l'IMOCA de Paul Meilhat

Voici son principe de fonctionnement :

  1. Collecte d'échantillons d'eau : L'IFCB pompe en continu de l'eau de mer à travers une cellule d'analyse.

  2. Imagerie haute résolution : L'appareil utilise un laser et une caméra pour capturer des images microscopiques de chaque organisme planctonique présent dans l'eau. Chaque particule ou organisme détecté est "flashé" par le laser, et sa silhouette est photographiée.

  3. Analyse automatisée : L'IFCB utilise des algorithmes d'apprentissage automatique (IA) pour identifier les espèces de plancton présentes dans les échantillons en fonction de leurs caractéristiques morphologiques.

    Images générées par IA - Source https://ifcb-data.whoi.edu/about

  4. Transmission des données : Les données collectées, notamment les images et les informations sur la composition du plancton, sont transmises à des laboratoires scientifiques pour une analyse approfondie.

Objectif : L'instrument permet de suivre en temps réel la biodiversité planctonique dans des zones éloignées et peu explorées, contribuant à la compréhension des écosystèmes marins, de leur évolution face au changement climatique, et de l'importance du plancton dans la régulation du carbone.

Une goutte d'eau de mer contient des centaines, voire des milliers de minuscules phytoplanctons, des organismes si petits qu'ils ne peuvent être vus qu'au microscope. Malgré leur taille minuscule, ces organismes sont incroyablement intéressants et d'une grande diversité. Selon les scientifiques qui les étudient à la Woods Hole Oceanographic Institution (WHOI), cette diversité est si belle que tout le monde devrait pouvoir jeter un coup d'œil dans le monde invisible du plancton. C'est ce que permet la technologie Imaging FlowCytobot conçue par McLane Research Laboratories.

Un Engagement au Long Cours

Paul Meilhat n’en est pas à son premier engagement écologique. Lauréat de la Route du Rhum en 2018 et figure montante de la voile française, il utilise régulièrement sa notoriété pour défendre la préservation des océans. Sa collaboration avec Tara s’inscrit dans une démarche cohérente, liant sa passion pour la navigation à son désir d’agir en faveur de l’environnement.

Au-delà de la course, Paul souhaite sensibiliser le grand public à l’urgence de protéger les océans. Il prévoit de partager régulièrement des informations sur son projet scientifique durant le Vendée Globe, notamment via des journaux de bord et des vidéos explicatives. À travers ces témoignages, il espère susciter une prise de conscience collective sur la fragilité de notre planète bleue, notamment chez les jeunes.

Naviguer vers un Futur Durable

L’engagement de Paul Meilhat dans le Vendée Globe 2024 dépasse la simple performance sportive. En mettant la technologie et la science au service de l’environnement, il incarne une nouvelle génération de navigateurs, conscients de leur responsabilité face à la crise écologique.

Dans les vents contraires et les vagues déchaînées, Paul emmènera avec lui non seulement les espoirs d’un podium, mais aussi ceux d’un avenir où l’homme et l’océan cohabitent en harmonie. Son aventure, à la croisée de la science et de la compétition, est un modèle inspirant, rappelant que chaque geste compte pour préserver les trésors de notre planète.

Que ce soit pour franchir la ligne d’arrivée ou pour capturer les secrets du plancton, Paul Meilhat prouve que le véritable défi de ce siècle est de naviguer vers un monde plus durable.


On se lasse de tout, sauf d’apprendre...


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