Ouistreham : quand le Plancton s’expose...


C’est un peu par hasard que j’ai découvert la semaine dernière l’existence d’une exposition "Montre-moi l'invisible" en plein air à Ouistreham (14), sur le thème du plancton.

Un article du journal Ouest-France en ligne présente cette exposition, conçue par le CPIE Vallée de l’Orne (Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement).

Elle est composée de 22 panneaux « sur le plancton, cet organisme vivant méconnu, à travers la diversité de ses formes et grâce à un éclairage apporté par des scientifiques sur les divers enjeux qu’il représente en termes d’environnement », précise Thibault Bloch, chargé de promotion du nautisme de la ville.

Se terminant le 31 mai, je m'y suis rendu en voiture ce vendredi dernier à l’adresse : Esplanade du centre d’activités nautiques, jetée Paul-Émile Victor.


J’ai bien aimé 😊 la présentation des grands panneaux “recto-verso” : d’un côté de belles photographies d’organismes microscopiques appartenant au zooplancton et phytoplancton, de l’autre, l’aspect scientifique avec des hommes et des femmes pratiquant des métiers (océanographe, chercheur, conchyliculteur...) ou des activités parfois peu connus du public, en lien avec le plancton, les écosystèmes marins, la pollution marine, le réchauffement de la Planète, le développement durable, l'éducation à l'environnement.... Des thèmes qui me sont chers et que je tente d'aborder dans mes différents articles.



Petit clin d'œil 😉 avec mon précédent article sur Tatihou

J’ai moins aimé 😒 les rubans de signalisation empêchant l’accès au verso de certains panneaux (terrain protégé ?). Je me suis autorisé à empiéter sur ce terrain quelques secondes, le temps de consulter l’affiche…

Je pense avoir fait tout le tour de l'exposition. J'ai pris note de différentes informations et effectué récemment des recherches sur les scientifiques présentés. Je tente actuellement de prendre contact avec certains pour en savoir plus sur leurs activités avec l'idée de les partager à la faveur de mon blog. Pour l'instant, je n'ai pas de retour...Faut-il aller à leur rencontre, sur leur lieu de travail, ou bien avoir de bons contacts ?

Pour conclure, une belle initiative que cette exposition Normande en plein air en cette Année de la Mer 2025 ! Gratuite et accessible à tous ceux qui souhaitent en savoir plus sur ce monde mystérieux, essentiel et fascinant qu’est le plancton.
Il serait intéressant d’approfondir davantage une communication si rare entre les scientifiques et le public soucieux d’apprendre et de comprendre les enjeux environnementaux. Favoriser ces échanges, c’est aussi nourrir la curiosité, renforcer la conscience écologique et encourager une citoyenneté éclairée face aux défis du vivant.


Etant au bord de mer, à marée descendante, j'avais prévu apporter mon filet pour effectuer quelques prélèvements dans un site remarquable :

En effet, la Pointe du Siège à Ouistreham, située à l’embouchure de l’Orne dans le Calvados, est un site d’une grande richesse écologique, protégé au sein de la réserve naturelle de l’Estuaire de l’Orne

🌿 Un écosystème estuarien remarquable

  • La Pointe du Siège marque la transition entre milieu marin et milieu fluvial, ce qui crée des conditions très favorables au développement du plancton.

  • L’estuaire constitue une zone de mélange entre l’eau douce de l’Orne et l’eau salée de la Manche. Cette variation de salinité, combinée à l’apport en nutriments depuis l’amont, stimule la productivité biologique, en particulier celle du phytoplancton.

🔬 Le rôle du plancton dans cet écosystème

  • Le phytoplancton, en tant que producteur primaire, sert de base à la chaîne alimentaire estuarienne.

  • Le zooplancton, qui se nourrit du phytoplancton, est une source de nourriture pour de nombreuses espèces, notamment les larves de poissons, les mollusques filtrants et certaines espèces d’oiseaux migrateurs.

🐦 Une zone clé pour les oiseaux et les poissons

  • Les eaux planctoniques riches favorisent la présence de bancs de poissons, eux-mêmes attirant des oiseaux piscivores.

  • La réserve est un site de nidification et de halte migratoire pour de nombreuses espèces d’oiseaux, qui dépendent indirectement du plancton via cette chaîne trophique.


Je croise d'abord un groupe de personnes faisant partie de l'Association Université Inter-Âges de Caen en train de dessiner et peindre, l'estran offrant de belles nuances de couleurs idéales pour pratiquer l'aquarelle :


Puis, quelques pêcheurs à pied en quête de moules et d'huîtres sur l'estran découvert ou bien dans le fond de l'eau peu profonde :


Mon 1er coup de filet me permet d'observer une
groseille de mer restée dans les 1ères mailles du filet :


Filet à plancton (bricolé avec voile de rideau, maille 300 µm) 

La 1ère maille de filet (de pêcheur) retient les organismes de plus de 2 mm


Groseille de mer gélatineuse

Pour en savoir plus sur la Groseille de mer, voir un de mes articles plus ancien consacré à cet organisme.

Plusieurs prélèvements me permettent de remplir environ 1 litre d'eau de mer. Je les ramène à la maison pour observations au microscope :

Mon microscope avec écran LCD et concentrateur à plancton (bricolé)


📸Galerie de photos et de vidéos 

Le Phytoplancton :

De nombreuses diatomées :

1 : Pseudo-nitzchia (?) ; 2: Lithodesmium sp. (?) ; 3: Odontella sp. (MO : x100)

En vidéo :

Les mêmes diatomées pennées (MO : x400)

Des chlorelles :

Chlorelles (MO : x400)

En vidéo :

Chlorelles (MO : x400)

Des microalgues filamenteuses :


Microalgue planctonique (Groupe ? Espèce ?) MO : x400

Le Zooplancton :

Larves de mollusques gastéropodes

Vue frontale de larve véligère de mollusque gastéropode (MO : x100)

Vue de profil de larve véligère de mollusque gastéropode (MO : x100)

Larve Véligère mobile grâce à ses deux couronnes de vélum bordées de cils vibratiles (MO : x100)

La larve véligère (du latin veliger : "couvert de voiles") est un stade typique des mollusques marins, nageant librement dans le plancton, équipé d’un organe cilié appelé vélum qui sert à se déplacer et se nourrir.

Pour m'aider à identifier cette larve, j'ai demandé de l'aide à ChatGPT.  Je lui ai soumis la 1ère photo en vue frontale. L'exercice fut très intéressant, il mérite d'ailleurs un article à venir sur ce sujet. 

Je vous livre juste son hypothèse (je garde "sous le coude" son analyse) :

Vu le développement du vélum (organe nageur) et l’aspect général, cette larve ressemble davantage à une larve de bigorneau (Littorina sp.) :

  • Vélum bien formé et symétrique.

  • Corps transparent à pigmentation modérée.

  • Coquille fine, non pigmentée.

  • Forte mobilité probable (caractéristique du mode planktotrophe).

Hypothèse à vérifier bien sûr, car avec l'IA, il faut s'attendre à des erreurs ou approximations, même s'il y a des progrès dans les algorithmes d'identification à partir d'images ou de vidéos...

Larves de balanes (crustacés cirripèdes)


Larve nauplius de Balane (MO : x100)


Larve cypris de Balane (MO : x100)

Vidéo présentant les 2 phases larvaires de Balanes, nauplius à droite, cypris à gauche (MO: x100)

Chez les Balanes, il existe deux types de larves planctoniques : nauplius (nourricier) et cypris (non nourricier).
Dispersion via le plancton, puis fixation définitive au stade cypris.

Le cycle larvaire est typique des cirripèdes, et contraste fortement avec leur mode de vie fixé à l’âge adulte.

Balanes adultes sur un bivalve

Copépodes 


Copépode (MO : x100)

Un animal étrange
 pas encore rencontré à ce jour (larve de crustacé ????)


A identifier ????? (MO : x40)

Détail de la tête et des yeux (MO : x100)

Parcours du corps de l'animal en vidéo (MO : x100)

Ver polychète tubicole
Larve aulophore de Lanice conchigela dans son tube mucilagineux (MO : x100)

Vidéo de la larve aulophore (expulsion de ??? puis retournement de l'animal - MO : x100)

Le ver Lanice conchilega vit dans un tube mucilagineux recouvert de sables et de débris divers. Le stade larvaire aulophore a la particularité de produire son tube encore souple et transparent alors qu'il est encore planctonique. Après métamorphose en jeune ver, il se fixera dans le sable et produira son tube rigide.
Un "mucilage" est une substance constituée de polysaccharides (glucides), qui gonfle au contact de l'eau et produit une substance visqueuse semblable à la gélatine.
Le mot "aulophore" vient du grec aulos (tuyau, flûte) et phoros (qui porte).

Lanice conchilega adulte dans son tube rigide enfoui dans le sable


Mysidacé


Vidéo montrant un Mysida (MO : x100)

Pour en savoir plus sur les Mysidacés rencontrés lors de mes pêches normandes voir l'article sur ce blog.

Merci de ne pas hésiter à me laisser des commentaires (signalement d'erreurs, conseils sur l'identification, idées d'articles, demande de renseignements, encouragements...) 😊


Prochain article : 

Le Festival du Plancton, 2e édition - Du 19 au 22 juin 2025 à Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée)


On se lasse de tout, sauf d’apprendre...



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog